(p)Rendre

(p)rendre Stratégies régénératives 16 mai 2024 L’utilité d’hier à aujourd’hui Dans un contexte polarisé, il semble que deux types de personnes émergent : « ceux qui veulent être utiles, les engagés » et « les autres, ceux qui doivent être éduqués, guidés ou conspués ». Hier, tout devait être utile. Nos loisirs, nos produits, notre temps, nos relations – tout devait être maximisé. Les lingettes étaient utiles pour gagner en efficacité, les packagings garantissaient sécurité et désirabilité, le ciment assurait un bon rapport coût/longévité. Nous connaissons aujourd’hui la face cachée et destructrice de cette utilité. Aujourd’hui, nous avons évolué vers une utilité vertueuse, opposée à la précédente. Bien qu’elle soit essentielle pour transformer l’économie et nos pratiques, elle reste une partie de la solution pour une transition réussie. La prolifération de qualificatifs tels que « transition juste », « transition équitable », « transition désirable » démontre qu’il nous manque quelque chose. L’Impensé de la Transition : le pouvoir du geste « Adressons-nous à un vrai maître, pour qu’il perfectionne le toucher au point d’en faire un tact : l’intelligence remontera de la main à la tête. » disait Henri Bergson Ce qui nous manque pour nous engager dans le monde et en prendre soin, c’est ce qu’il y a de plus humain et simple, le geste : le geste qui relie, guide, dessine, prend soin, crée, surprend, partage, influence, réconforte, donne, écoute, équilibre, transmet, inspire, émerveille. Le geste est notre unité minimum d’impact, qu’il soit positif ou non. C’est à partir de l’expérience du geste que nous pouvons rejoindre et nous relier au reste du monde. Du pouvoir du geste à son impact : (p)Rendre*   Au-delà du geste, il y a la trace qu’il laisse ou non dans nos mémoires et notre quotidien. Les enjeux climatiques exhortent (à juste titre) à nous focaliser sur les traces négatives.  Renversons néanmoins un instant la perspective de négative à générative avec un mot : (p)Rendre. (p)Rendre* invite à se concentrer sur le geste qui rend, celui qui apporte beaucoup plus que ce qu’il ne prend et laisse une trace positive. Les scientifiques appellent cela la « handprint » ou « empreinte de main positive » pour évaluer l’impact global d’un produit/service de manière plus holistique et amplifier les ambitions.L’empreinte de main vient compléter l’empreinte de pied. Les deux fonctionnent ensemble. La première a plutôt une connotation négative, quand la seconde vise originellement à porter un regard appréciatif sur les gestes et actes accomplis en faveur de la transformation écologique et sociale. En effet, tandis que l’empreinte carbone mesure l’impact négatif (les émissions de Gaz à Effet de Serre directs et indirects à réduire sur la chaîne de valeur), l’empreinte de main mesure l’impact positif sur la chaîne de valeur et au-delà (à augmenter). L’empreinte de main prend en compte la dimension climatique (empreinte de main carbone = les émissions évitées pour les clients, équivalent du Scope 4) et plus largement la contribution positive aux Objectifs de Développement Durable des Nations Unies de votre produit ou service : tout ce qui peut servir, soutenir, ancrer les conditions et comportements durables pour le plus grand nombre. Vous pourriez dire que la RSE finalement correspond peu ou prou à la valorisation de l’empreinte de main positive. Les deux principes intéressants à retenir derrière ce terme sont liés, d’une part, à l’idée concrète de la main et, d’autre part, l’approche (ré)générative pour mobiliser, encourager les grands gestes vers les autres, pour les autres. C’est ce que résume le tableau ci-dessous issu de l’article de Recherche « Notre empreinte de main environnementale : le bien que nous faisons » :  Source J. Biemer, W. Dixon and N. Blackburn, « Our environmental handprint: The good we do, » 2013 1st IEEE Conference on Technologies for Sustainability (SusTech), Portland, OR, USA, 2013, pp. 146-153, doi: 10.1109/SusTech.2013.6617312 Aujourd’hui, nous ne regardons que nos pieds et leur empreinte. S’intéresser à l’empreinte de main nous appelle à lever les yeux et observer nos merveilleux gestes. Souvenez-vous, nous avons fait un rêve…rempli de merveilleux gestes « Un rêve est une Merveille, beauté et terreur mêlée » Anne Dufourmentelle –Intelligence du rêve La pandémie (qui semble bien loin déjà) a été un cauchemar pour la majorité des personnes : une dystopie bien réelle, à ciel ouvert et entre quatre murs…et pourtant retournons-nous un instant en arrière (cela semble loin) et reprenons les « gestes » (éphémères) qui nous ont fait résonner durant cette période : du gel hydroalcoolique fabriqué par de grandes marques cosmétiques, un masque de plongée réinventé en masque de protection, des livreurs improvisés au service de certaines populations plus fragiles… Cette forme d’ingénuité/générosité nous a fait vibrer alors qu’elle n’apparaissait dans aucun « bas de bilan ». Ces gestes nous ont marqués car ils révélaient une forme de vérité et d’authenticité : de vivre en silo derrière quatre murs, nous prenions conscience de la puissance du « réseau », de la communauté mais aussi de notre capacité à nous réinventer malgré un contexte ultra-contraint. Que reste-t-il de ces « gestes » alors que le caractère extra-ordinaire de la période s’est effacé ? Peut-être faut-il comprendre que ces gestes qui nous ont réveillés et émerveillés en combinant quatre dimensions interdépendantes : le Beau, le Bon, le Juste, l’Utile Le BEAU Geste avec une forme d’élégance et de pertinence à sortir de son pré-carré et de la logique de marché. Le Geste BON, généreux, empathique, altruiste et humaniste Le Geste JUSTE, respectueux, inclusif, rétablissant une forme de réciprocité et d’équité Le Geste UTILE, au service de la sécurité et de la satisfaction des besoins de tous et du collectif Nous avons tous dit « oui » à ces gestes. D’un seul coup, nous n’étions plus prisonniers d’une histoire vécue, elle pouvait être réimaginée, racontée autrement avec authenticité et avec une touche de Merveilleux. Le Merveilleux  inspire de meilleures questions À la question « quel sera votre impact positif demain ? » remplaçons-la un instant par « Qu’allez-vous faire de Merveilleux pour demain ? » Quels gestes extraordinaires allez-vous poser pour promouvoir le Beau, cultiver le Bon, Défendre le Juste et intégrer l’Utile ? Mais avant, comment vous connectez-vous au monde ? Qu’est-ce qui vous relie en premier au monde ? Est-ce le

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