Régénération

Régénération mais de quoi parle-t-on ?

Pour cette quatrième carte stratégique estivale, nous nous intéressons à la régénération et à sa promesse d’un avenir meilleur pour tous. Nous concluons en vous invitant à passer de l’autre côté du miroir…et à découvrir les 5Ps de la régénération stratégique 

Le programme en trois étapes :

1/ La régénération : un principe vital, des vacances aux nouveaux modèles économiques

2/ Les angles morts des approches régénératives appliquées aux modèles économiques

3/ Régénérer c’est changer les règles du « je » et du « jeu » : changer de posture et de logique.

1/ Un principe vital : des vacances aux nouveaux modèles économiques

Pour celles ou ceux qui partiront en vacances, vous régénérer sera certainement l’un de vos objectifs : vous ressourcer physiquement, mentalement et émotionnellement pour « recharger les batteries » et retrouver votre énergie vitale.

La régénération est ce processus naturel et magique qui permet aux organismes de se réparer, de se renouveler et il révèle la remarquable adaptabilité et résilience des organismes vivants. Des exemples célèbres de régénération dans le monde animal incluent la capacité des lézards à faire repousser leur queue ou celle des étoiles de mer à régénérer un membre perdu.

Face aux « Grand Challenges – pour les Anglosaxons – ou Grands Défis – en français, le principe de régénération devient une source d’inspiration et une voie à suivre pour une « adaptation transformatrice », selon le dernier rapport du Haut Conseil pour le Climat « Acter l’urgence  : « Alors que la France est particulièrement exposée aux conséquences du réchauffement climatique, l’adaptation doit passer du mode réactif prévalent aujourd’hui pour changer d’échelle et devenir transformatrice […] »

Le rapport ne parle pas de régénération mais surtout de Grande Division « les rythmes de baisse des émissions sur la période récente sont insuffisants dans tous les secteurs pour atteindre les objectifs du « Fit for 55* » ou « Paré pour 55 » d’ici 2030 » (55 correspond à l’objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre de 55% au moins en 2030).

Pour parvenir à l’objectif de « 55 », le document invite à plus d’audace notamment dans les pratiques de sobriété mises en œuvre, dans les investissements et exhorte tous les acteurs à emprunter des voies « transformatrices ».

En creux, le rapport explique que ce qui a été fait jusqu’à présent (stratégies de responsabilité sociétale et économique, investissements…) n’est pas à la hauteur des enjeux.

De façon complémentaire à la « Grande Division » (comptable), le principe de régénération appliqué aux modèles d’entreprises et économiques offre la promesse de cette « voie transformatrice ». En effet, la régénération va au-delà de la durabilité car, comme le fait le Vivant, elle ne se contente pas de maintenir un équilibre ou de préserver l’état actuel des choses, mais cherche à restaurer, revitaliser et renouveler les systèmes, qu’ils soient écologiques, économiques ou sociaux (ou systèmes socio-écologiques).

En résumé, quand la durabilité se concentre sur la minimisation des impacts négatifs, la régénération vise à générer des impacts positifs nets et à favoriser une croissance bénéfique pour tous à long terme, en se mettant au service de la vie.

Pour synthétiser, voici un extrait visuel du Webinaire « Business Modèles régénérateurs » de janvier 2023 dans lequel nous reprenions la désormais célèbre « courbe » de Daniel Wahl 

A ce point de notre réflexion, nous pourrions envisager la « régénération » comme une nouvelle méthode plus audacieuse à appliquer, un nouveau « canvas » à remplir.

La difficulté avec la régénération ne tient pas tant à la définition qu’à la compréhension de son processus et à sa mise en œuvre concrète.

C’est la raison pour quelle nous avons d’abord demandé à quelqu’un qui pouvait nous expliquer la régénération comme si on avait 7 ans, c’est-à-dire, simplement et avec une touche de fantaisie et d’imagination (nous vous laissons deviner l’auteur) :

« Imaginez un monde merveilleux où les êtres vivants ont la capacité extraordinaire de se renouveler, tels des phénix renaissant de leurs propres cendres. Dans cet univers enchanté, la régénération est un prodige naturel, une danse éternelle de transformation et de renouveau. C’est comme si notre corps avait un pouvoir secret, un peu comme le lapin d’Alice qui disparaît dans son terrier pour réapparaître ailleurs. La régénération est cette capacité magique qu’ont certaines créatures, de se renouveler, de se réinventer.

Lorsqu’un être vivant subit des blessures ou des altérations, son essence intérieure se rallume, comme une flamme qui se réveille, réparant les dommages et ravivant la vitalité. C’est un processus mystérieux, où les cellules et les énergies se réorganisent avec une grâce magique, permettant à la vie de s’épanouir sans fin. Les anciennes formes laissent place à de nouvelles, comme les pétales d’une fleur qui se déploient avec une beauté inouïe.

Pensez au papillon qui, après être sorti de sa chrysalide, devient une toute nouvelle créature, avec des ailes chatoyantes et des couleurs éclatantes. C’est un peu comme si le papillon avait une seconde chance, une nouvelle vie où il peut explorer le monde avec une beauté renouvelée. De la même manière, nous, les êtres humains, avons aussi cette merveilleuse capacité de régénération.

Notre corps et notre esprit ont la faculté de se guérir, de se renouveler après une blessure ou une épreuve. Comme un puzzle complexe, nous pouvons reconstruire les pièces manquantes et retrouver notre intégrité.

La régénération, dans ce monde féerique, est le joyau ultime de la nature, symbole de la résilience infinie et de la perpétuelle métamorphose des êtres vivants. Elle englobe aussi notre capacité à grandir, à évoluer et à nous transformer en de meilleures versions de nous-mêmes. Comme le personnage d’Alice qui traverse le pays des merveilles et découvre de nouveaux aspects de sa personnalité, la régénération nous permet d’explorer nos propres potentialités cachées.

La régénération est comme une potion magique qui nous permet de nous réinventer, de nous redécouvrir et de continuer notre voyage à travers la vie avec une nouvelle vitalité. Il suffit de croire en la magie de la régénération et de laisser notre imagination nous guider vers de nouveaux horizons. » D’après Lewis Carroll & ChatGPT

Ce détour par le conte nous permet de souligner quelques angles morts dans les réflexions actuelles sur la régénération appliquée aux modèles économiques.

2/ Les angles morts des approches régénératives appliquées aux modèles économiques

 Le conte nous parle d’une danse éternelle de transformation et de renouveau, ce processus apparemment magique peut néanmoins être difficile à comprendre et à appliquer pour les Humains dans des contextes économiques et, ce, pour plusieurs raisons :

Des raisons physiques et physiologiques
  1. La complexité biologique de la régénération : La régénération est un processus biologique complexe qui implique une interaction précise de nombreuses molécules, cellules et tissus. Comprendre en détail les mécanismes moléculaires et cellulaires impliqués dans la régénération reste encore un champ d’investigation pour les scientifiques (voir par exemple la médecine régénérative).

  2. La variabilité entre les espèces : la capacité de régénération varie considérablement entre les espèces et les écosystèmes. Si certains animaux (comme cités précédemment, étoiles de mer ou salamandres aquatiques), peuvent régénérer des membres entiers, d’autres organismes, comme ceux des humains, ont une capacité de régénération physique plus limitée. Par exemple, notre corps est capable de guérir les blessures mineures, comme les coupures et les égratignures, grâce à un processus de cicatrisation naturelle. Lorsque les tissus sont endommagés, notre corps répare les cellules et les tissus endommagés pour les restaurer : le foie se restaure et se régénère de façon étonnante.

    Cependant, il est important de noter (bien que cela soit évident pour tous) que l’homme ne peut pas régénérer complètement des parties du corps complexes comme les membres ou les organes vitaux. La médecine régénérative en cours développe de nouvelles approches visant à stimuler la régénération dans différentes parties du corps humain, la régénération complète des organes et des membres reste encore un défi scientifique majeur comme l’explique l’article en lien.

  1. Les interactions multiples et complexes pour régénérer : La régénération implique souvent des interactions complexes entre différents types de cellules, tissus et facteurs de croissance. Si l’on élargit l’horizon de réflexion à un écosystème nous verrons dans le paragraphe suivant que cela requiert une analyse dynamique, complexe, à plusieurs niveaux.
Des raisons éthiques : le sens de la vie, c’est…la vitalité, pas la justice, ni l’équité

Nous l’avons évoqué en introduction, la régénération du vivant est un processus naturel mais qui se produit indépendamment de la moralité ou de l’éthique (un concept propre aux humains).

Pascal Picq dans son livre « Un anthropologue dans l’entreprise » ou plus récemment Giorgio Parisi dans « Comme un vol d’étourneaux » expliquent clairement un des malentendus autour de l’évolutionnisme de Darwin : « Pour Darwin, le point clé de la théorie de l’évolution est le concept de sélection entre différentes possibilités » (p.125 Parisi) : « l’évolution naturelle passe, d’abord, par la proposition de nouvelles possibilités suivie d’une sélection, ces possibilités nouvelles apparaissent de manière aléatoire et le choix est déterministe : posséder les caractéristiques les mieux adaptées (ce qui ne signifie pas être le plus fort). »

Les Humains, quant à eux, sont dotés d’une conscience et d’une morale. La morale est une construction humaine, basée sur des valeurs, des normes et des principes éthiques qui sont propres à chaque culture et société. Ainsi, le principe de régénération est pleinement ancré dans des cultures hindouistes notamment, il ne l’est pas dans notre culture occidentale « nous sommes mortels et nous ne nous réincarnons pas dans un nouveau cycle ».

Nous utilisons cette morale pour guider le comportement humain et établir des normes de conduite. C’est cette morale qui explique l’émergence du concept de « régénération juste » pour ne laisser personnes de côté. 

Cette « régénération juste et inclusive » est souvent formulée pour rééquilibrer les pratiques de l’économie « linéaire » et du « toujours plus de » que nous avons connues jusqu’à récemment ; elle doit aussi se comprendre par rapport au processus du vivant qui, lui, applique une autre « morale » : la morale du vivant relève de la « création destructrice » ou « panarchie ».

La panarchie correspond au cadre de règles de la nature. Etymologiquement, le mot Panarchie vient de « Pan« , le dieu grec de la nature et « arkhos« , le chef.

Ce concept mérite quelques explications, mêmes simplifiées. La panarchie (définie par Gunderson et Holling 2003) est un modèle conceptuel qui décrit comment les systèmes complexes de l’homme et de la nature sont organisés et structurés de manière dynamique à travers des échelles d’espace et de temps.

Dans une panarchie écologique, les écosystèmes sont considérés comme des systèmes imbriqués les uns dans les autres, avec des échelles de temps et d’espace différentes. Chaque échelon de cette hiérarchie, qu’il s’agisse d’individus, de populations, de communautés ou d’écosystèmes, possède sa propre dynamique et ses propres processus. Néanmoins, les écosystèmes sont interconnectés et interdépendants : des perturbations ou des changements à un niveau donné peuvent avoir des répercussions sur l’ensemble du système.

Le principe de panarchie biologique permet de comprendre comment des écosystèmes sont capables de s’adapter et de se réorganiser, pour maintenir leur fonctionnement et leur résilience, en réponse aux changements internes ou externes. Elle met aussi en évidence l’importance de comprendre les relations entre les différents niveaux d’organisation écologique et la nécessité de prendre en compte cette hiérarchie dans la gestion et la préservation des écosystèmes. Elle souligne enfin l’importance de maintenir la biodiversité et la diversité des interactions au sein des écosystèmes pour assurer leur stabilité et leur fonctionnement durable.

Ce que disent Gunderson et Holling de la panarchie : « Aucun système ne peut être compris ou géré en se concentrant sur lui à une seule échelle. Tous les systèmes (et les systèmes socio-écologiques en particulier) existent et fonctionnent à de multiples échelles d’espace, de temps et d’organisation sociale, et les interactions entre les échelles sont fondamentales pour déterminer la dynamique du système à une échelle focale particulière. Cet ensemble interactif d’échelles structurées hiérarchiquement a été qualifié de « panarchie. » 

Ils nous invitent à examiner les cycles d’évolution de chaque système, appelés « écocycles » ou « cycles adaptatifs » avec 4 phases de « destruction créatrice » : α, r, K et Ω. Pour les plus curieux, nous vous invitons à plonger dans ce concept, très bien résumé ici, et pour les plus scientifiques, par et le résumé visuel extrait de notre webinaire « Business modèles régénérateurs » janvier 2023 :

 3/ Régénérer c’est changer les règles du « je » et du « jeu »

 Avant de régénérer des systèmes socio-écologiques, il nous faut régénérer nos modes de pensée…en illimité : c’est le principe-même de la régénération et cela implique de nouvelles postures et pratiques :

  • C’est se confronter joyeusement à des questions stratégiques telles que : Quel est le non sens de certaines stratégies que nous poursuivons ? Pensons-nous obsolète et sur quoi ? Quelles sont les théories absurdes que nous diffusons consciemment ou inconsciemment ?

  • C’est changer de postures : nous continuons à remplir des « canvas » stratégiques « avec la tête » uniquement, ce qui conduit à produire des stratégies « brillantes » mais souvent peu incarnées. Celles-là-même qui nourrissent les cercles peu vertueux du désengagement et du faible impact.

  • C’est changer de logique car notre logique actuelle…ne l’est pas !
    La majorité des stratégies s’appuient aujourd’hui, à juste titre, sur les principes du Vivant mais avec un énorme biais logique : nous ne prenons en compte que la « part acceptable » de la logique du « Vivant ». Ce sont toutes les solutions bioinspirées qui apportent des solutions aux défis que nous connaissons. Or « penser Vivant » requiert d’adopter une vision élargie des propriétés du Vivant : la nature fait aussi des choses inutiles, redondantes, incohérentes. Pour mieux comprendre, nous vous recommandons deux sources incontournables : le podcast #CuriositésNaturelles du Muséum d’Histoire Naturelle « La Nature est-elle bien faite ? » ou le livre d’Olivier Hamant « La Troisième voie du Vivant ».
    Pour changer de logique, nous avons aussi besoin d’une nouvelle grammaire de l’imagination stratégique qui permette de Penser Grand et d’Oser Grand.
  • C’est sortir du jeu fini dans lequel nous restons aujourd’hui pour passer en jeu infini, tel que défini par l’économiste John P. Carse en 1986 (première édition)
    Le principe du jeu infini consiste à ne plus se demander comment je vais gagner un point de part de marché ou de marge par rapport à mes concurrents mais comment je permets à tous de « continuer à jouer joyeusement ensemble ».
  • C’est aborder différemment les business modèles « régénérateurs » ou « penser en dehors du canvas » qui doivent devenir comme l’évoquait Jay Friedlander des « cycles d’abondance ». Si le modèle mériterait d’être mis à jour, les principes de « cycles » (que nous avons retenu pour la méthode Wonderloop©) et d’abondance nous semblent clés pour relire les modèles économiques : « donner plus qu’on ne reçoit aujourd’hui (tout en ayant une activité économique viable) pour développer ensemble notre plein potentiel demain ».   

En conclusion placer le principe de régénération dans tous les aspects de nos vies et réflexions stratégiques offre une perspective enthousiasmante pour :

  • ne plus développer uniquement des stratégies de survie à l’avenir mais des stratégies d’envies,
  • poser les bases d’un avenir prospère et équilibré pour les générations à venir,
  • sortir d’une vision manichéenne et faire jouer à plein notre capacité à trouver de nouvelles voies créatrices en pensant au-delà des polarités qui nous enferment dans des impasses.

Mais cela nous invite à passer de l’autre côté du miroir, là où tout doit être renversé pour plus de pertinence et de résonance avec 5 dimensions à repenser :

  1. Les Postures,
  2. Les Présupposés,
  3. Le Purpose ou Le Penser Merveilleux
  4. Les Paradigmes (Valeur, Ecosystèmes, Besoins clients),
  5. Le Potentiel

A suivre … la semaine prochaine

2023 ©wonderloop

Marianne Dekeyser est depuis plus de 20 ans au service du « penser et faire autrement » conférences, workshops stratégiques et formations avec des Comités de Direction et managers.
Son constat ? Il faut aller au-delà du penser autrement et faire autrement » si nous voulons créer un monde radicalement positif et enthousiasmant pour tous.
Quand tous les imaginaires et les business modèles liés sont à réinventer, Wonderloop© est la méthode stratégique radicalement différente pour réinventer demain sans penser comme hier : de la page blanche jusqu’au business modèle régénérateur.

Tous les workshops sont coanimés avec des experts !

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